Aristide Maillol (1861-1944) est un peintre, graveur et sculpteur français. Il commence une carrière d'artiste peintre et s'intéresse très tôt aux arts décoratifs (céramique et tapisserie), avant de se consacrer à la sculpture, vers l'âge de quarante ans. Bien qu'il inscrive son œuvre en rupture avec la précédente génération, Maillol obtient le soutien actif d'Auguste Rodin, qui proclame que le génie du jeune sculpteur est si éclatant qu'il n'a pas besoin de soutien. Rodin lui adresse toutefois des commanditaires. L’année 1900 est un tournant dans l’œuvre de Maillol, qui invente un véritable répertoire de formes, préfigurant son œuvre à venir. Ses premières sculptures en bois, puis ses modelages en terre crue ou en argile, "Vénus" ou "Baigneuses" debouts, accroupies, se coiffant, évoquent la statuaire grecque archaïque. La perfection des formes de Léda impressionne Auguste Rodin et Octave Mirbeau. Ce dernier en fait l’acquisition en 1902, lors de l’exposition à la galerie Vollard à Paris, qui rencontre un grand succès et rapporte : « Un soir, chez moi, Auguste Rodin étudiant longuement, tournant et retournant dans sa main une figure de Maillol, me dit : « Si le mot génie, improprement appliqué à tant de gens, aujourd’hui, a encore un sens, c’est bien ici…»
Maillol connaît le succès lorsqu'il expose le plâtre de "Méditerranée" au Salon d’automne de 1905, parmi les peintres fauves, dont les tableaux exaltent la couleur pure. La sculpture, monumentale, représente une femme assise, absorbée dans ses pensées.
L'œuvre n'est plus la traduction d'une pensée littéraire ou mythologique, elle ne vise plus une lecture ou un sens préétabli. Le destin de la sculpture va désormais s'orienter vers la forme pure dégagée de tout souci ou contenu. Dès 1905, Maillol reçoit des commandes privées et publiques, dont le Monument à Louis-Auguste Blanqui, homme politique révolutionnaire, emprisonné une grande partie de sa vie. Maillol représente une femme nue, "L’Action enchaînée", qui tente en vain de se libérer de ses entraves par un puissant mouvement de rotation du torse. Cette conception inédite du monument public provoque un scandale. De même, pour l’Hommage à Cézanne, commandé en 1912 par Aix-en-Provence. Maillol s’inspire d’un nu féminin et les commanditaires refusent l’œuvre, que Frantz Jourdain fera rentrer plus tard dans les collections nationales. Maurice Denis lui présente en 1910 le collectionneur russe Ivan Morozov, pour lequel Maillol réalise quatre nus féminins grandeur nature : "Pomone", "Flore", "L’Été" et "Le Printemps". Dans les années 1930, Maillol réalise le Monument à Debussy, aux courbes tout en douceur. Dans cette période où il cherche une inspiration nouvelle, il a pour modèle Lucile Passavant, puis fait la connaissance en 1934, de Dina Vierny ; cette jeune fille aux formes épanouies devient son principal modèle pendant dix ans. À la fois muse, interlocutrice et collaboratrice, elle pose pour ses dernières sculptures monumentales : "La Montagne", en 1937, qui achève le cycle entamé au début du siècle, "L'Air", en 1938, Monument à la mémoire des aviateurs de l’Aéropostale, puis "La Rivière", corps féminin renversé en arrière, qui s’efforce de résister au courant qui l’entraîne inexorablement. C’est la première représentation en sculpture d’une figure sur le flanc, en équilibre instable, sorte d’allégorie des temps troublés qui s’annoncent avec la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle Maillol se retire à Banyuls-sur-Mer. Après deux rétrospectives en 1933, à New York et à Bâle, Maillol voit la consécration de son œuvre lors de l’Exposition universelle de 1937 à Paris, par la place qu’occupent ses sculptures dans le tout nouveau musée national d’art moderne au palais de Tokyo. Avec "Harmonie", sa dernière œuvre commencée en 1940, restée inachevée, il atteint le sommet de son art. La silhouette féminine légèrement déhanchée évoque la sculpture médiévale, elle fait la synthèse de toutes ses recherches formelles mais, contrairement aux œuvres précédentes, c’est également un portrait. L’artiste meurt en 1944 des suites d’un accident de voiture, près de son village natal. Il laisse un œuvre considérable que l’on peut admirer à Paris, en province et à l’étranger. Dans le jardin du Carrousel à Paris sont exposées les 19 sculptures offertes sous l’égide d’André Malraux, en 1964, par Dina Vierny, qui a créé rue de Grenelle à Paris un musée consacré à l’artiste.
Par sa vision synthétique, axée sur l’arrangement des masses et la rupture radicale avec l’art descriptif du XIXe siècle, Maillol, dans son domaine, a ouvert la voie vers l’abstraction, comme Paul Cézanne en peinture. D’emblée, Maillol pense à une sculpture de l’immobile et atteint une perfection des proportions, tant pour les statues de petit format que pour celles aux dimensions monumentales.
Aristide Maillol fut l'un des sculpteurs les plus célèbres de son temps. Son œuvre, silencieuse, fondée sur des formes pleines élaborées à partir de l'étude du nu féminin, et simplifiées jusqu'à l'épure, représente une véritable révolution artistique, anticipant l'abstraction.