Apel·les Fenosa (1899-1988) est un sculpteur espagnol. Il naît à Barcelone dans un milieu cultivé. Il devient sculpteur en suivant un cursus qui l'amène à travailler dans l'atelier d'Enrique Casanovas. Il fait siennes les idées du modernisme et rallie le groupe des évolutionistes représentés par Rebull, Granyer, Viladomat. Ayant des sympathies pour la cause anarchiste, il refuse le service militaire et part pour la France en 1920, s'arrêtant brièvement à Toulouse avant de monter à Paris en 1921. Fenosa s'intègre rapidement au milieu artistique parisien et rencontre Jules Supervielle, Max Jacob et, surtout, Pablo Picasso. Ce dernier l'encourage dans la voie de la sculpture et lui achète ses premières œuvres parisiennes. Dès lors, Fenosa expose tant à Paris qu'à Barcelone : en 1924, Max Jacob préface sa première exposition parisienne. Fenosa est en Catalogne lorsqu'en 1931 est proclamée la Seconde République espagnole : il y reste et, proche des anarchistes, combat dans les rangs républicains lors de la guerre d'Espagne. Il participe à la Biennale de Venise en 1936.
À l'arrivée au pouvoir du franquisme, il s'établit définitivement à Paris. En 1942, Apel·les Fenosa rencontre Paul Éluard chez Picasso. Il déjeunera longtemps plusieurs fois par semaine avec le peintre et le poète. Éluard lui commande un buste de lui-même à la cire perdue, puis un autre de son épouse Nusch. En 1944, le Comité de libération du Limousin lui commande une sculpture commémorant le massacre d'Oradour-sur-Glane : le Monument aux Martyrs d'Oradour ; l'œuvre est installée à l'entrée de Limoges en 1980 et ce n'est qu'en 1999 qu'elle trouve sa place à Oradour. À partir de 1946, Fenosa expose individuellement ou collectivement à Paris, Londres, Barcelone, Madrid, Prague, New-York, Tokyo, Rabat, Osaka, Casablanca, Carrare. Les plus grands écrivains et poètes de son temps préfacent ses expositions personnelles : Éluard, Cocteau, Supervielle, Ponge, Neruda, Cournot, Caillois, Espriu… En 1981, il réalise sur commande de l'Unesco la statuette L'Olivier, qui sera le trophée remis aux lauréats du prix de l'éducation pour la paix décerné annuellement par l'organisation. En 1982 lui est décernée la médaille d'or de la généralité de Catalogne ; l'année suivante c'est la Légion d'honneur française, puis, en 1987, la médaille d'or de la ville de Barcelone.