Aristide Colotte (1885-1959) est un artiste sculpteur-verrier français né à Baccarat. Rapidement repéré pour ses talents d'artisan d'art, à la fois joaillier, graveur et sculpteur, Colotte fait prospérer son atelier nancéien, embauchant des collaborateurs et travaillant en indépendant avec Baccarat. Dans les années 1930, sortant de sentiers battus, Colotte aborde le verre en sculpteur, par le biais d’une technique difficile de taille directe, synthèse de taille à la roue et de taille au burin. Il sculpte des vases lourds, des plaques massives, d’amples coupes et surtout des blocs bruts de cristal. Il fait partie de ces pionniers qui ont voulu libérer le verre de son utilité strictement décorative et élargir son champ de création. Les commandes affluent. Ses pièces, conçues comme des oeuvres uniques, sont offertes au pape Pie XI et à d'autres célébrités de l'époque. Il réalise le décor en cristal du pavillon de l'art lorrain à l'Exposition internationale de 1937.
Ayant pris le parti d'œuvrer pour le gouvernement de Vichy durant la Seconde guerre mondiale, Colotte comparaît en 1946, accusé d'avoir "nuit à la défense nationale". Il a 60 ans, et la sanction infligée au sculpteur est lourde : quatre ans d'emprisonnement, 10.000 francs d'amende, la dégradation nationale à vie et la mise de ses biens sous séquestre. Incarcéré à Epinal jusqu'en février 1947 où il obtient une libération anticipée. Il s'installe en Seine-et-Marne près de Meaux grâce à la mainlevée du séquestre de ses biens. Il parviendra à rouvrir une petite boutique de joaillerie à Paris, participera en 1950 à une exposition consacrée à l'Art du verre puis en 1957 au salon des artistes à Paris, mais il mourra en 1959 d'une leucémie, ruiné.