Alfred Boucher (1850-1934) : Son père, ouvrier agricole à Bouy-sur-Orvin s'installe à Nogent-sur-Seine en 1859, au service du sculpteur Joseph Marius Ramus. Remarqué par l'artiste dont il devient l'assistant, l'adolescent est présenté à Paul Dubois, sculpteur réputé, natif de Nogent-sur-Seine, qui l'encourage dans sa vocation d'artiste. Soutenu par des bourses de sa ville et de son département, Alfred Boucher entre à l'École des beaux-arts de Paris en 1869 et suit les cours de Paul Dubois et d'Auguste Dumont. Malgré un double échec au premier prix de Rome, Boucher reçoit le second prix de sculpture en 1876. Il séjournera longuement en Italie par deux fois, en 1877-1878 et 1883-1884. Le Salon de 1881 le couronne pour La Piété filiale. Dès lors sa célébrité s'accroît par la diffusion de réductions en bronze de ses œuvres et par les très nombreux bustes qu'il réalise : il immortalise aussi bien des hommes de sciences comme Laennec, des hommes de lettres comme Maupassant, que des personnalités politiques comme le roi de Grèce Georges Ier ou le président Jean Casimir-Perier, et beaucoup d'autres. Il devient un des artistes français les plus sollicités par les commandes publiques et aborde avec succès différents sujets.
Dans une veine réaliste, il exprime le goût de son époque pour l'Antiquité et l'Olympisme renaissant grâce à Pierre de Courbertin avec son groupe de coureurs à pied intitulé Au but ! qui est primé au Salon de 1886 à Paris. Une version de grande taille réalisée en bronze et installée dans le jardin du Luxembourg à Paris, sera fondue pendant l’Occupation.
Dans le même esprit, il représente le lanceur de disque Gustave Huot en discobole antique sur une médaille. Boucher aborde également, comme certains confrères de l'époque (Jules Dalou, Constantin Meunier, Paul Richer…), des sujets sociaux et naturalistes en représentant les hommes au travail avec Le Terrassier ou La Petite Moissonneuse. Il préfère cependant des thèmes plus poétiques en associant nature, nu féminin et mythologie comme dans la série des Volubilis et des Baigneuses. Ces sujets décoratifs furent diffusés par des reproductions en bronze, en marbre ou en porcelaine de Sèvres. Apprécié par la bourgeoisie fortunée et par les autorités politiques, Boucher s'installe à Aix-les-Bains en 1889 en conservant son atelier parisien, et honore de nombreuses commandes de monuments commémoratifs. On peut citer comme exemple la chapelle funéraire de la famille Hériot en 1899 à Caulaincourt, ou la sépulture du ministre lyonnais Auguste Burdeau à Paris au cimetière du Père-Lachaise.
Au sommet de sa célébrité, il est couronné par le grand prix de sculpture de l'Exposition Universelle de 1900. Après la Grande Guerre, utilisant un nouveau matériau, le ciment armé, Alfred Boucher réalise encore, à la fin de sa vie, les monuments aux morts de Nogent-sur-Seine (1920), et d'Aix-les-Bains (1922). Fidèle à la ville qui l'avait soutenu dans ses années de formation, il fonde, en 1902 à Nogent-sur-Seine, le musée Paul Dubois-Alfred Boucher, devenu musée Camille Claudel en 2017, qui abrite un fonds de ses œuvres. Généreux et philanthrope, Boucher crée aussi, la même année, la cité parisienne de la Ruche pour aider les jeunes artistes en faisant aménager pour eux des ateliers dans le quartier du Montparnasse en récupérant un pavillon de l'Exposition universelle de 1900.