Constantin Meunier (1831-1905) est un peintre et sculpteur réaliste belge, réputé pour sa vision du monde ouvrier. Il est le père du peintre et graveur Karl Meunier et l'oncle de l'affichiste Henri Meunier. D’abord peintre de scènes religieuses, Constantin Meunier est profondément marqué par sa visite, en compagnie de son ami l’écrivain Camille Lemonnier, du Borinage, le pays noir, bassin minier de la province de Hainaut en Belgique. Il devient militant socialiste au Parti ouvrier belge. En cette époque où la Belgique est profondément transformée par l'industrialisation sidérurgique et par l’essor des organisations syndicales, politiques et coopératives ouvrières, il s’attachera à représenter le monde du travail. Il devient alors l'un des maîtres d’un art réaliste et social. Il contribue à donner un visage à l’ouvrier et participe à la description des nouvelles réalités engendrées par l'essor industriel. Meunier s'en fait l’interprète au travers de sa peinture sombre et dramatique, puis à partir du milieu des années 1880, de ses bronzes aux traits anguleux. C'est au retour d'un séjour de quelque six mois en Espagne, d'octobre 1882 à avril 1883 en compagnie de son fils Karl, Théo Van Rysselberghe et Dario de Regoyos, que la sculpture occupera une place de plus en plus grande dans son œuvre. Envoyé à Séville par le gouvernement belge pour y réaliser une copie d'une Descente de croix de Pedro Campaña du XVIe siècle, il en ramène aussi quelques toiles plus personnelles dont La Fabrique de tabacs à Séville (musées royaux des beaux-arts de Belgique). Mais l'Andalousie le ramène à son profond désir de consacrer son art au travail ouvrier et à son emprise sur la matière, ce que la sculpture exprime parfaitement.
Une lettre de Vincent van Gogh à son frère Théo parle de Constantin Meunier d'une manière extrêmement flatteuse : « Cher Théo, Dans toutes ses œuvres, Meunier est de loin supérieur à moi. À Bruxelles, j'ai vu ses peintures à une exposition. En fait, il est le seul de tous les artistes belges à m'avoir fortement touché. Il a peint les métallos du Borinage et leur cortège en route pour la mine ou les usines. Ses œuvres se distinguent nettement, tant par la couleur que par le traitement. Il a peint toutes ces choses que j'ai toujours rêvé de pouvoir réaliser… » 1894 fut pour Constantin Meunier une année éprouvantable : il va perdre successivement ses deux fils. Durant les dernières années de sa vie, il exécute les sculptures destinées au Monument au Travail. Projet qui ne sera érigé à Laeken qu'après sa mort. Auguste Rodin dit de lui : « Constantin Meunier est un homme admirable. Il a la grandeur de Millet. C'est un des plus grands artistes du siècle. » Un fonds de ses œuvres est conservées à Ixelles au musée Constantin-Meunier aménagé dans l’atelier de l’artiste. Ses bronzes ornent des places et les parcs de Belgique et d'Europe. Meunier est le premier sculpteur étranger acheté par l'Etat français pour le musée du Luxembourg. Il s'agissait de deux statuettes en bronze, Débardeur du port d'Anvers et Marteleur, acquises en 1890 au premier salon de la Société nationale des Beaux-Arts, société sécessionniste des Artistes français.