Edouard Cazaux (1889-1974), issu d'une famille de potiers installée sur la côte Sud des Landes et au Pays basque, se distingue par une double formation de sculpteur et de céramiste. Il part à Tarbes comme ouvrier céramiste dans une usine spécialisée dans l'utilitaire, avant de monter à Paris. Édouard Cazaux trouve rapidement du travail en tant que tourneur chez Rivière, rue de la Roquette. De retour à Mont-de-Marsan pour son service militaire, il suit des cours du soir de dessin et fait la connaissance du sculpteur Charles Despiau. En 1912, il obtient une bourse pour étudier à l'École des beaux-arts de Paris et à l'Ecole de Sèvres ; parallèlement il parfait sa formation en travaillant dans divers ateliers, notamment chez Edmond Lachenal, connu pour ses essais de dorure sur faïence. Sous l'influence de son ami Despiau, Cazaux participe à Paris dès 1921, comme sculpteur et céramiste, à plusieurs Salons (Salon des Tuileries, Salon des artistes décorateurs et Salon d'automne). Il expose régulièrement le fruit de ses recherches à la galerie Rouard et au Grand Dépôt. À partir de 1918, Édouard Cazaux s'installe avec son épouse, ancienne élève de l'École des beaux-arts et précieuse collaboratrice, à La Varenne-Saint-Hilaire, en région parisienne. Il aménage un atelier dans lequel il construit deux fours de forme circulaire, comme ceux de Sèvres, pour ses grès et ses faïences. Il poursuit son œuvre de sculpteur avec l'édification de monuments (monument aux morts de Biarritz en 1921). Pendant ces années fécondes, aux côtés de ses contemporains Decoeur, Lenoble, Buthaud et Mayodon, Cazaux élabore une céramique qui mêle des thèmes religieux, antiquisants ou animaliers. Édouard Cazaux aborde la céramique en technicien. Il expérimente le fameux rouge de cuivre, si difficile à obtenir, qu'il fixe dans les décors, mais il reste surtout connu pour l'usage du grès Norton : la pénurie de matières premières pendant l'Occupation l'amène à utiliser les longs fours tunnels de Norton, fabricant de meules pour l'industrie, dont la température peut monter jusqu'à 1800°C, pour y faire cuire ses céramiques ; il élabore alors une pâte résistant à ces hautes températures. Cette expérience donne naissance à une série de vases recouverts d'émaux laiteux se détachant sur des fonds naturels qui seront présentés chez Rouard en 1946. Ses recherches le conduisent ensuite à marier sculpture et poterie comme en témoigne le cache-pot anthropomorphe conservé dans les collections du musée des Arts décoratifs, réalisé en plusieurs exemplaires vers 1950. Après la guerre, Cazaux se replie à La Varenne, poursuivant sans relâche son œuvre de céramiste et de sculpteur.