Jules Desbois (1851-1935) est un sculpteur et médailleur français. Après un cours passage dans un atelier tourangeau, Desbois intègre l’atelier d'Henri Bouriché à Angers. En 1874, il part étudier aux Beaux-arts de Paris. Il y reste cinq ans et perfectionne sa technique dans l’atelier de Jules Cavelier, ancien élève de David d’Angers. En 1878, Desbois rencontre Auguste Rodin sur le chantier de l'ancien palais du Trocadéro et se lie d’amitié avec lui. La même année, il décide de tenter sa chance aux États-Unis, mais il n’y fait pas fortune et regagne la France trois ans plus tard. Il se tourne un temps vers l’héliogravure, jusqu’à ce qu’il rencontre de nouveau Rodin, qui a besoin de collaborateurs pour faire face à de nombreuses commandes. Desbois revient à la sculpture et travaille à l’atelier du maître en tant que praticien en 1884. Il aurait découvert, en 1887, le modèle italien octogénaire, Maria Caira, qui lui sert pour la création de La Misère, et qui inspirera à Rodin et à Camille Claudel des œuvres comme Celle qui fut La belle Heaulmière, L'Hiver et Clotho.
La collaboration avec Auguste Rodin joue un rôle essentiel dans l’évolution artistique de Jules Desbois. Rodin lui apprend à se libérer des carcans de sa formation classique pour développer une esthétique plus personnelle. Les deux artistes s’inspirent et s’influencent mutuellement. Desbois acquiert une notoriété et reçoit de plus en plus de commandes, y compris de l’État. Il est également présent dans de nombreux Salons. Celui en 1894 de la Société nationale des beaux-arts où il expose La Misère, sculpture d'une femme âgée à l'allure décharnée qui fait sensation, lui assure la consécration. En 1896, la Société nationale des beaux-arts lui consacre une exposition personnelle. En 1898, il rejoint le groupe de L'Art dans Tout. Desbois produit de modèles d’édition, souvent des statuettes de femmes, mais aussi des objets utilitaires destinés à être reproduits tels des vide-poches, des assiettes, pour faire entrer l’art dans le quotidien. En 1930, affaibli par des problèmes de santé, il cesse définitivement de sculpter pour se consacrer au pastel et meurt cinq ans plus tard.
Pourtant considéré comme l’un des meilleurs sculpteurs de son siècle, Desbois tombe dans l’oubli après sa mort, et ses œuvres sont dispersées. De plus, sa collaboration avec Rodin a occulté son travail, l’histoire ne retenant que le nom du maître. Desbois travaille des matériaux assez divers, utilisant la pierre, le marbre, le bronze, le bois et le plâtre, mais aussi l’étain pour les arts décoratifs, produisant une œuvre riche et variée. Il puise principalement son inspiration dans les mythes antiques, les figures allégoriques, mais aussi dans des sujets contemporains en s'inspirant des guerres de 1870 et de 1914-1918. C’est aussi un bon portraitiste qui reproduit fidèlement les traits de ses modèles. Au XIXe siècle, l’observation scientifique du corps joue un rôle essentiel dans l’art. Jules Desbois s’est beaucoup intéressé à la composition du mouvement et à son expression artistique. Parfait connaisseur de l’anatomie humaine, il n’hésite pas à jouer sur les proportions et la déconstruction de certaines parties du corps pour obtenir un résultat visuel harmonieux et expressif. Il représente principalement des femmes, dont le corps tout en courbes et rondeurs lui permet d’exprimer la virtuosité de son modelé. Tout comme ses contemporains Auguste Rodin et Camille Claudel, Jules Desbois s’intéresse à la condition humaine, au passage du temps et à ses effets sur le corps humain. Desbois réalise ainsi un certain nombre d’œuvres en lien avec la représentation de la mort, de la misère et de la vieillesse saisissantes de réalisme et d’humanité, dans un style éloigné de l'académisme.